Cat. 38
Plume, encre noire, lavis brun, rehauts de blanc de céruse sur traces de pierre noire, papier vergé ivoire
H. 21,2 cm ; L. 15,9 cm
Titre en haut, à l’encre noire : les Eloges des grands / hommes. -
Inscriptions dans deux des médaillons, à l’encre calligraphique :
Henri IV de bourbon // frederic / roy de prusse
Élève de Casanova, Claude Louis Desrais fut auteur, au début de sa carrière, de sujets religieux (saints et scènes de l’Ancien Testament). Une autre part de sa production est « badine » (Portalis), c’est aussi un dessinateur de mode (Cabinet des modes, 1785, dédié à Marie-Antoinette), mais il manifeste, dans sa pratique, un talent d’une grande diversité.
L’attribution à ce dessinateur habile d’une composition mariant la grâce et l’agrément du geste à une certaine étroitesse d’inspiration et d’ambition se voit confirmée par l’existence, dans les collections de l’Art Institute de Chicago, d’une intéressante Allégorie en l’honneur de Stanislas II Auguste Poniatowski1 un temps donnée à Durameau (fig. 38 a). Celui-ci, en effet, reçut commande, par l’intermédiaire de Cochin, d’une peinture sollicitée par ce prince2. Les circonstances politiques eurent pour effet d’ajourner le travail, destiné à la décoration d’un plafond. En 1974 cependant, Pierre Rosenberg parvenait à une meilleure identification : l’auteur, qui signe LDR, n’est autre que Desrais. Datée de 1768, l’Allégorie s’inscrit dans sa production comme une œuvre de jeunesse – Desrais était alors « un des protégés de Cochin » (Leclair). On y reconnaît, comme le note Anne Leclair, une écriture « plus nerveuse, plus sèche, plus fouillée » que celle de Durameau. Desrais travaille ordinairement à la plume, d’un geste incisif, et complète avec un lavis de bistre des figures habilement tracées, laissant souvent un sentiment d’inachevé. Le dessin de Chicago et celui de Pau constituent deux versions bien distinctes d’un même projet. Quant au sujet, faut-il maintenir l’hypothèse d’une commande du roi de Pologne ? Ou envisager celle, plus banale, d’un frontispice destiné à l’édition de quelque De viris dont le titre a pris deux formulations différentes : abrégée (Les Eloges des grands hommes, celle de Pau) ou plus explicite (les Eloges des hommes illustres, tant les grands rois que les grands generaux &c., celle de Chicago) ? Mais la figure elle-même semble plus aboutie dans la version de Pau, où les médaillons à peine esquissés ont pris forme, et reçu chacun un portrait ; celui du roi de Pologne apparaît dans l’une et l’autre version.
Notes
Auteurs : P. Mironneau, Cl. Menges
© Réunion des musées nationaux – 2007
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FIG. 38 a
Claude-Louis Desrais
Allégorie en l’honneur de Stanislas Auguste Poniatowski
Plume, lavis brun sur pierre noire, 20,9 x 14,1 cm
Chicago, The Art Institute, inv. 22.2893