Cat. 282
Plume, encre brune, traits d’encadrement à l’encre rouge, papier vergé crème
H. 17,7 cm ; L. 11,5 cm
Inscriptions : sur le socle de la statue (avec initiales majuscules à l’encre noire) : HENRICI MAGNI ; en bas : Ventre – St Gris, Messieurs ! ! ! / je ne sais pas nager ! ! !
Le Pont-Neuf : une statue d’Henri IV au cœur de Paris
Plaisante mise en scène des angoisses d’un roi de bronze familier au flâneur de Paris. Son attribution à François Sommier, dit Henry Somm (Rouen, 1844 – Paris, 1907), peintre et caricaturiste amoureux de Paris, n’est pas confirmée. Connu et apprécié notamment pour ses élégantes parisiennes, cet artiste sait aussi manier la veine désacralisatrice et irrévérencieuse de sa génération. Mais on serait plutôt tenté de mettre l’amusant croquis en relation avec les inondations de la Seine en 1910. Il provient en tout cas de ce même milieu artistique qui, à la Belle Époque, fréquente les cabarets comme le Chat noir, auquel Henry Somm donne une pièce de théâtre de marionnettes. Cet humour des grands boulevards se répercute dans la grande presse à caricatures : Le Rire, La Cravache, Frou-frou, La Charge. La fantaisie urbaine garde ses repères traditionnels, parmi lesquels le Pont-Neuf occupe dans l’imaginaire collectif une place privilégiée. Elle revisite les rues, les statues et l’histoire du vieux Paris. Ventre Saint Gris, Messieurs, je ne sais pas nager !, proteste le cavalier très dépité, se voyant dangereusement pencher vers la Seine. Cette veine n’est pas nouvelle ; elle aura séduit caricaturistes et amuseurs publics dès le milieu du XIXe siècle. Ainsi Amédée Charles Henri de Noé, dit Cham, dans des dessins destinés notamment au Charivari (Henri IV ne voulant plus de son cheval, 1868. Ou encore un chansonnier comme Bruant (Henri IV a découché, 18781)… Et bien d’autres encore, qui, pour gagner un public avide de gaudrioles, prêtent mille pitreries au cheval de bronze, personnage populaire, mais comme définitivement exclu de la sphère de l’histoire sérieuse.
Note
Auteurs : P. Mironneau, Cl. Menges
© Réunion des musées nationaux – 2007