Cat. 27
Plume, encre brune, lavis de bistre, rehauts de blanc de céruse, papier vergé ivoire
H. 24,7 cm ; L. 33,6 cm
Annotation d’attribution, en bas à droite : Passignani Dco et numéro B 368.
Ancien numéro à l’angle inférieur droit : FL 03 […].
Cachets de collection en bas à gauche : monogrammes PC (Philippe de Chennevières, 1820-1899) et GV (Giuseppe Vallardi, 1784-1863)Â
Au verso, marque de collection A. S.
Le cycle funéraire d’Henri IV à Florence en 1610
C’est le cardinal de Florence, Alexandre de Médicis (1536-1605), futur pape Léon XI en 1605, alors légat pontifical, qui reçoit cet acte diplomatique et religieux de haute importance. Illustration de la vie et du règne du premier des Bourbons, certes, mais aussi, à n’en pas douter, démonstration du pouvoir d’influence des maîtres de Florence et de leur maison, de leur dévouement à la cause de l’Église : on devine dans cette œuvre une forte charge politique, servie par la qualité d’une mise en page tout à la fois décorative et narrative. Revenons d’abord aux faits. L’abjuration d’Henri IV, le 25 juillet 1593 à Saint-Denis, n’avait reçu sa consécration pontificale, l’absolution par Clément VIII, que le 17 septembre 1595 ; ce furent les habiles D’Ossat et Du Perron qui représentèrent le roi à cette cérémonie solennelle. À la faveur des excellentes relations qui s’étaient instaurées entre le légat pontifical et la cour de France, Henri IV procéda le 19 septembre 1596 à la ratification de son absolution, aux Tuileries, en présence du futur chancelier Pomponne de Bellièvre, qui, depuis 1595, était influent au Conseil des affaires.
L’assurance, la sincérité affirmée par le roi, auront profondément impressionné le légat francophile, qui précise : « un proverbe français veut que la main du parjure tremble lorsqu’il écrit. Sa Majesté ne s’étant point parjurée, c’est pour cela que sa main n’avait pas tremblé et qu’elle n’avait pas eu besoin de table » (Ritter 1955, p. 76-77, lettre du 21 septembre 1596). De source bien informée, le dessinateur a scrupuleusement relevé ce trait, soulignant la valeur accordée à de tels signes dans les affaires de conscience. Et donnant ainsi à la scène une marque d’indubitable véracité, que confirme le réalisme des portraits, celui du cardinal en particulier.
La filiation de cette œuvre italienne s’impose au regard. Liée à l’ensemble commémoratif de vingt-six peintures en grisaille accrochées en la basilique San Lorenzo à Florence, pour le service ordonné par Côme II de Médicis en l’honneur du Roi Très Chrétien, le 16 septembre 1610, la scène se trouve transcrite dans le livret de Giuliano Giraldi auquel donna lieu cette pompe funèbre1 (fig. 27 a). La peinture exposée dans ces circonstances est du nombre de celles qui subsistent encore et qui se trouvent rassemblées aux Offices2 (fig. 27 b). Son auteur, Jacopo da Empoli, était alors rompu à ce type de représentations officielles, auxquelles il participa régulièrement depuis sa contribution aux apparati dressés pour les noces de Ferdinand Ier et de Christine de Lorraine en 1589.
Il existe plusieurs dessins liés à cette grisaille, l’une des plus connues du cycle. Deux états préparatoires sont conservés respectivement au musée des Offices3 (fig. 27 c) et au British Museum4 (fig. 27 d), le premier directement en rapport avec la peinture de Florence, le second lié peut-être, selon Anthony Blunt, à un autre cycle destiné au palais du Luxembourg, projet qui n’aurait jamais vu le jour. L’un et l’autre sont pourvus de la mise au carreau absente dans la version de Pau. Le cabinet des Dessins et Estampes du musée des Offices conserve par ailleurs une autre version5 qui serait une réplique. Quant au présent dessin, Monica Bietti le considère comme une copie là où Jacques Perot admettait que, « s’il n’est peut-être pas de la main de Jacopo da Empoli, il sort très vraisemblablement de son atelier ». Copie d’atelier fort probable au vu des éléments relevés : relative « faiblesse » de facture, mais plus grand état d’achèvement (les ombres, les visages). Autant de caractères permettant de supposer une reprise a posteriori, bien justifiée par la place centrale du sujet dans la véritable biographie collective et raisonnée à laquelle il appartient.
Notes
Auteurs : P. Mironneau, Cl. Menges
© Réunion des musées nationaux – 2007
FIG. 27 a
Alovisio Rosaccio
D’après Jacopo da Empoli
Henri IV signant la paix avec l’Église
Eau-forte
Giraldi 1610, no 26
Pau, musée national du Château
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FIG. 27 b
Jacopo da Empoli
Henri IV signant la paix avec l’Église
Huile sur toile
Florence, Galerie des Offices, Depositi, inv. 1890, no 7811
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FIG. 27 c
Jacopo da Empoli
Henri IV signant la paix avec l’Église, 1610
Dessin préparatoire
Florence, Galerie des Offices, Gabinetto Disegni e Stampe, inv. 959 F
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FIG. 27 d
Attribué à Jacopo da Empoli
Henri IV signant la paix avec l’Église, 1610
Dessin préparatoire
Londres, British Museum, inv. 1886-10-12-540