Cat. 59
Gouache, papier vergé ivoire
H. 55,7 cm ; L. 42,3 cm
Monogramme AFD dans le médaillon du bas et légende, en lettres dorées : Entrainé par Mornai // par lamour Attiré, / il s’eloigne, il revient, // il part désespéré. / il part, henriade chant IX.
Deux scènes de la légende d’Henri IV
La source est ici manifeste, c’est l’édition du poème de Voltaire illustré par Gravelot1 qui a retenu le dessinateur, reconstituant une scène d’intérieur à partir de la planche relative au chant IX (fig. 59 a), située, conformément aux vers de Voltaire :
Au fond de ces jardins, au bord d’une onde claireLe renvoi aux vers correspondants de La Henriade est fidèlement repris :
Sous un myrte amoureux, asile du mystère
IX, 489-490
Entraîné par Mornay, par l’Amour attiré,
Il s’éloigne, il revient, il part désespéré.
Il part.
IX, 343-345
Cette déformation pour le moins désinvolte de l’esprit poétique de l’épopée, prise à l’un de ses moments de plus forte tension dramatique, mérite quelque attention. Elle en change manifestement et l’esprit et le registre, faisant glisser le grand vers français vers le plus rocambolesque vaudeville… L’action se déroule dans quelque boudoir, mais rien ne manque de ce qui fait l’authenticité de la scène chez les illustrateurs du poème : l’amour est bien présent (dans un médaillon) ; l’austère Duplessis-Mornay est en armure, prêt pour le combat – ce n’est pas encore le cas d’Henri, dont le casque et l’épée sont posés sur un fauteuil. On goûtera cet intérieur de dame – sinon de coquette : le désordre de son canapé traduisant un trouble certain, le soulier posé par terre, le petit chien…
Note
Auteurs : P. Mironneau, Cl. Menges
© Réunion des musées nationaux – 2007
Zoom navigable
FIG. 59 a
Jean-Charles Le Vasseur (1734-1816)
D’après Gravelot
La Henriade, chant IX
Eau-forte
Genève, Paris, 1768
Pau, musée national du Château, BP 4769