Cat. 46
Pinceau, encre grise, lavis gris et sépia, rehauts de blanc sur traces de graphite, papier vergé crème
H. 41,7 cm ; L. 53,8 cm
Signé en bas à gauche : Wm Hamilton invt
Œuvre d’un artiste écossais, élève d’Antonio Zucchi à Rome : le décor urbain, très fantaisiste, est le fruit de son imagination ; Hamilton y place une mystérieuse église gothique (Sainte-Opportune ?). Autre trait rajouté, à caractère moralisateur : une dame et son petit garçon qui, sur la droite, assistent au crime de Ravaillac, comme pour rappeler l’un des enjeux du drame et de ses premiers lendemains : la succession royale reposant sur le tout jeune héritier d’une branche dynastique contestée, et la régence de Marie de Médicis. Pour Jacques Perot, ce témoignage de la renommée d’Henri IV outre-Manche n’a « rien d’étonnant […] quand on sait que des traductions anglaises de la Henriade de Voltaire circulèrent dès 1732 ». Le thème de l’assassinat d’Henri IV a trouvé, de plus, et très tôt, un écho important hors de France, et particulièrement au nord de l’Europe. Il reste qu’Hamilton a travaillé à distance, dans le temps comme dans la représentation du lieu et des détails de l’événement.
Son intérêt pour le versant tragique et sanguinaire de l’histoire de France est confirmé par le choix de quelques-uns de ses sujets (Jeanne d’Arc et les furies d’après le Henri VI de Shakespeare, et surtout Marie-Antoinette conduite à son supplice, 17941). Mais c’est surtout l’illustrateur de Shakespeare (il fournit, en peinture, l’une des contributions les plus importantes à la Boydell’s Shakespeare Gallery), le portraitiste expressif des acteurs et actrices anglais, qui plante un décor de théâtre et imprime un dynamisme scénique dépassant le caractère strictement historique. Philippe Bordes insiste avec justesse sur cette « théâtralité simple, avec des figures sur les côtés qui tournent le dos au spectateur et un éclairage contrasté qui met l’accent sur la figure principale2 » (ici Ravaillac plutôt que sa royale victime). On comparera avec profit ce terrible moment de l’histoire de France avec la scène shakespearienne que l’artiste tire de Twelfth Night – un quiproquo plein de surprise et de comique – conservée à New Haven3. Ce tableau d’un ton bien différent se rapproche néanmoins de notre Assassinat non seulement par le décor de ville (porche gothique, clocher, déroulé de la scène à un croisement de rues, divers apartés de figurants), mais aussi par la gestuelle et les signes d’émotion que manifestent les personnages.
Notes
Auteurs : P. Mironneau, Cl. Menges
© Réunion des musées nationaux – 2007