Cat. 37
1786
Plume, pinceau, encre noire, lavis gris et brun, rehauts de gouache blanche, papier vergé ivoire
H. 21 cm ; L. 28,3 cm
Signé et daté en bas à gauche, à l’encre noire et à la gouache blanche : Borel invenit delineavit, et à l’encre brune : 1786
À l’âge de quinze ans, au lendemain de la mort du prince de Condé, tué à Bassac, près de Jarnac, le 13 mars 1569, Henri de Navarre se trouva porté à la tête du parti protestant1. À Tonnay-Charente, où l’armée battue s’était repliée, sa mère Jeanne d’Albret, accompagnée du maire de La Rochelle, lui fit prêter serment. De cet épisode jugé digne de l’histoire romaine, on tira, sur la fin du règne de Louis XVI, une estampe de la série des Tableaux des Français publiés par Vidal, rue de la Harpe, en 1789-17902. L’eau-forte mêlée de burin (fig. 37 a) fut gravée par Charles Emmanuel Patas (1744-1802).
Si Borel s’est taillé une solide réputation dans la veine galante, sinon grivoise, son répertoire sait, comme ici, s’adapter à des genres plus graves : auteurs dramatiques anciens et modernes, littérature anglaise, ainsi qu’un Plutarque. Trois grands groupes d’acteurs et de figurants composent la scène : celui de la reine de Navarre et des deux princes, sur une éminence, celui de Coligny et de l’armée protestante, enfin celui du peuple prosterné au premier plan. L’exubérance des panaches transporte le regard dans un climat aux allures « troubadour », et ces accessoires alertement plantés désignent les nouveaux chefs de l’armée des protestants : « Henri Prince de Béarn qui fut depuis Henri IV, et le Prince Henri, fils du Prince de Condé. » La lettre de l’estampe s’attache aux vertus de Coligny, « que l’adversité ne pouvait abattre », et plus encore à celles de Jeanne d’Albret, modèle de constance et de fermeté3.
Notes
Auteurs : P. Mironneau, Cl. Menges
© Réunion des musées nationaux – 2007