Cat. 30
Plume, encre brune, rehauts de blanc de céruse, papier vergé
H. 29,3 cm ; L. 22 cm
Inscription en bas, dans un cartouche sous le trait carré, à l’encre noire : HENRI DE BOVRBON IIII DV NOM ROY / DE FRANCE ET DE NAVARRE
On portera attention à trois estampes des dernières années du règne, deux d'entre elles signées du Flamand Jan Van Haelbeck (mort à Paris vers 1630)1, éditées par Leclerc (fig. 30 a et b, deux états), la troisième de Léonard Gaultier2, cette dernière datée de 1609 (fig. 30 c). Il ne sera pas sans intérêt d’observer que le peintre verrier troyen Linard Gontier (1565 – vers 1642), dans l’exaltation du pouvoir royal, s’inspira de ce modèle pour l’exécution de l’un de ses vitraux destinés à l’hôtel de l’Arquebuse de sa ville3.
La réunion de tous ces attributs puise elle-même dans des sources antérieures. En 1596 paraît en effet à Rome une gravure de Philippe Thomassin (fig. 30 d) qui, sous la devise duo protegit unus jointe aux armes de France et de Navarre, fait bien plus que préfigurer la formule de portrait équestre retenue ici4. Chez Thomassin, Henri, qui foule aux pieds de son cheval les débris d’armes de ses ennemis, comme chez Haelbeck et Gaultier, n’est pas lauré. Dans notre dessin, hormis la première de ces particularités symboliques, la représentation reste très proche du modèle retravaillé par Jan Van Haelbeck, dont Gaultier ne propose en définitive qu’une contrefaçon. Le rapprochement serait par ailleurs plus étroit encore (mais dans un style qui n’a plus rien d’enlevé !) à considérer l’Henry le Grand à cheval d’une tapisserie française inédite du temple de Yasaka à Kyoto, au Japon5.
Le visage, plus sec, retenu dans notre dessin semblerait plutôt se référer aux portraits publiés par Thomas de Leu (auquel Gaultier, son beau-frère, emprunte souvent), tant celui formant frontispice pour l’ouvrage d’Antoine de Laval Des peintures convenables aux basiliques et palais du roi, en 16006 (fig. 30 e), que ceux relevant d’un modèle de François Quesnel présentant le roi en costume de sacre ou en buste, coiffé d’un chapeau à plumet7, publié après la naissance du Dauphin en 1601 (fig. 30 f). Il y a trop de points communs avec chacune des deux gravures de Haelbeck pour ne pas imaginer une réelle affinité, ou plus simplement une copie ; il n’existe en outre ni marque de report ni inversion de sens permettant formellement de supposer une nouvelle version gravée. La copie ainsi exécutée pourrait avoir précédé – ou plutôt accompagné – la reprise de Gaultier datée de 1609 et trahir une hésitation dans le parti à retenir. Connu pour l’abondance de sa production et la diversité de ses modèles, parmi lesquels ceux de Thomas de Leu se taillent une part essentielle, Léonard Gaultier occupe une place éminente dans le concert des graveurs parisiens ; on dispose d’une meilleure évaluation critique de son travail depuis l’étude conduite par Emmanuelle Brugerolles et David Guillet8.
Notes
Auteurs : P. Mironneau, Cl. Menges
© Réunion des musées nationaux – 2007
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FIG. 30 a
Jan Van Haelbeck (mort vers 1630)
Henri IV à cheval, la tête couronnée de laurier, premières années du XVIIe siècle
Burin
Pau, musée national du Château, inv. P. 55.16.12
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FIG. 30 b
Jan Van Haelbeck (mort vers 1630)
Henri IV à cheval, la tête couronnée de laurier, premières années du XVIIe siècle
Burin
Pau, musée national du Château, inv. P. 1351
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FIG. 30 c
Léonard Gaultier (vers 1561 – vers 1635-1640)
Henri IV à cheval, la tête couronnée de laurier, 1609
Burin
Pau, musée national du Château, inv. P. 1151
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FIG. 30 d
Philippe Thomassin (1562 – 1622)
Henri IV à cheval, 1596
Burin
Pau, musée national du Château, inv. P. 68.8.1
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FIG. 30 e
Thomas de Leu (1555 – vers 1612)
Henri IV en Hercule gaulois, vers 1605
Burin
Pau, musée national du Château, inv. P. 934
FIG. 30 f
Thomas de Leu (1555 – vers 1612)
D’après François Quesnel (1543 – 1619)
Henri IV en buste, vers 1601
Burin
Pau, musée national du Château, inv. P. 933