Cat. 29
Pierre noire, estompe, plume, encre noire, papier vergé crème sombre
H. 28,5 cm ; L. 19,3 cm
Certains ont voulu discerner dans cette exécution aisée la main de Jacob Bunel (1558-1614), auteur notamment d’un Henri IV en habit de sacre1 : figure allongée, jeu subtil de dissymétries, contraste entre le front large et le menton étroit… Mais les deux versions du même personnage n’en présentent pas moins de notables différences, par exemple dans le tracé des yeux. Le portrait d’Henri IV dit en Mars conservé au château de Pau (fig. 29 a), rendu à Jacob Bunel (et dont Paola Bassani-Pacht retarde la datation jusqu’à 1605-16062), n’est pas dénué de points communs avec cette figure ; cependant, l’expression n’est pas la même, il manque encore au roi une ou deux années de fatigues et d’épreuves… Il faut retenir tout de même de la manière de Bunel, dans le détail de ces rapprochements, la minutie déjà bien apparente de cet état intermédiaire s’appliquant par exemple aux poils de la barbe ou au traitement des paupières.
L’image très officielle du roi, « d’après une invention perdue de Jacob Bunel3 » servant de frontispice à l’Histoire du roi depuis la paix de Pierre Mathieu en 16054, revêt une sévérité d’apparence sculpturale dans l’Henri IV lauré, en buste, de Thomas de Leu ; elle est ensuite reprise5 sous le burin de Léonard Gaultier pour l’Histoire universelle de Jacques Auguste de Thou en 1610. Les représentations sculptées elles-mêmes, sans apporter d’éléments substantiellement nouveaux, car puisées dans le répertoire pictural ou graphique, ne sont pas sans intérêt comparatif. Mais c’est bien la physionomie du monarque qu’il faut placer à la source de cette ressemblance, très certainement commune à tout un faisceau de représentations postérieures à 1606 : indication de date plus que de référence picturale. Dans ce contexte politico-artistique propice à la diffusion du visage royal, le dessin du château de Pau se signale par un surcroît de franchise bien maîtrisé. Mieux que d’autres, il nous laisse imaginer la personne du Béarnais à la fin de son règne, et ce n’est pas son moindre mérite.
Notes
Auteurs : P. Mironneau, Cl. Menges
© Réunion des musées nationaux – 2007
Zoom navigable
FIG. 29 a
Jacob Bunel (1558-1614)
Henri IV en Mars, vers 1600
Huile sur toile
Pau, musée national du Château
Inv. P. 81.20.1