Cat. 240
Aquarelle, plume, encre noire, rehauts de blanc et gomme arabique, traces de crayon graphite, mise au carreau au crayon graphite, papier crème
H. 30 cm ; L. 44,2 cm
L'aquarelle retrace « le saut périlleux » du Béarnais, pour ainsi dire légendé par les mots inscrits en bas à gauche, sur un document vivement commenté par un petit groupe de personnages. Le 25 juillet 1593, à Saint-Denis, alors que les portes de Paris lui sont toujours fermées, Henri IV abjure solennellement le protestantisme, prenant à revers les arguments et les positions de la Ligue. Au Salon de 1824 (no 732), le thème avait inspiré Pierre Marc Bassompierre Gaston (1786-1869). Neuf ans plus tard, avec sa préciosité de costumes et d’apparat royal, L’Abjuration de Henri IV de Rouget1 parie sur le foisonnement narratif, l’animation savamment désordonnée du parvis de la basilique, où se déroule la scène. Notre artiste a préféré se référer à l’étape suivante, lorsque Henri, ayant fait sa profession, est admis à pénétrer dans le sanctuaire et réitère son serment.
Le spectacle se donne dans une théâtralité pompeuse et bien réglée. Composition en défilé, exhaussant sur une estrade les principaux acteurs, elle met en lumière, assis, massif, l’archevêque de Bourges, Renaud de Beaune, qui reçoit le serment prêté par le roi vêtu de pourpre, en présence des moines de la vénérable abbaye royale portant la croix et les évangiles. Manifestement, l’abjuration prête à commentaires, mais on ne perce, aux marges, qu’une bribe de ces conversations avec cette véritable affiche montrée par un moine à deux gentilshommes : FIDELITE HENRI RELIGION CATHOLIQUE SINE QUA NON. On sait que la profession de foi catholique du roi fut écrite sur un papier et signée au cours de la cérémonie, mais le formulaire n’empruntait pas ce genre de raccourci lapidaire !
Note
Auteurs : P. Mironneau, Cl. Menges
© Réunion des musées nationaux – 2007