Cat. 205
Vers 1815
Plume, encre noire, lavis gris et lavis de sépia, rehauts de blanc de céruse, sur dessin préparatoire et mise au carreau au crayon graphite, papier vergé ivoire, en plusieurs morceaux
H. 45,1 cm ; L. 80,7 cm
Signé en bas à droite, à l’encre noire : Meynier
Saint Louis conduit Henri IV aux Champs Élysées tandis qu’un génie tient la couronne de France ; dans les nuées, le Béarnais est attendu par les gloires de la France. La justice confond la discorde, que l’archange s’apprête à pourfendre. La vente qui suivit le décès de Charles Meynier, en 1832 (Paris, Petit, Pieri-Bénard), mentionne une Esquisse de l’apothéose d’Henri IV et l’Apothéose d’Henri IV (no 4), « deux beaux forts dessins à la sépia, dans lesquels le même sujet est traité de deux manières différentes » (no 26) ; on ajoute que « ces compositions sont d’un grand effet ; les figures en sont groupées avec art ». Une version présentant de notables différences est apparue sur le marché de l’art en 19881 (fig. 205 a). Dans son aisance, sa profusion, sa fermeté d’exécution, ses figures comme étirées, L’Apothéose d’Henri IV répond parfaitement à la définition donnée par Jean-Pierre Cuzin des « très beaux dessins de Meynier, fort caractéristiques, en général tracés d’un lourd et énergique trait de plume et rehaussés de lavis2 ».
L’artiste, qui mourut du choléra en 1832, reçut sa formation sous Louis XVI. Élève de Vincent en 1785, grand prix en 1789, il voit son séjour à Rome écourté par les contrecoups de la Révolution française et doit retourner en France en 1793. Ses compositions, qui puisent dans la culture mythologique néoclassique, présentent d’emblée de réelles qualités décoratives mises à profit dans les commandes officielles reçues sous l’Empire et relatives à l’actualité, comme L’Entrée dans Berlin (Salon de 1810), ou dans la peinture religieuse. L’histoire nationale ne lui est pas indifférente (Charlemagne faisant bénir l’église de Saint-Denis, 1812). Mais sa spécialisation décorative s’accentue : dès 1806, il fournit de grands dessins pour les bas-reliefs et statues de l’arc de triomphe du Carrousel destinés aux sculpteurs Deseine, Cartellier, Ramey, Le Sueur, Clodion, etc. Une série de plafonds pour le Louvre et les Tuileries sous l’Empire et la Restauration, de 1801 à 18273, renforcent cette réputation : aux Tuileries la Naissance de Louis XIV (Grand Salon), au Louvre La France protégeant les arts (salle Percier), le Triomphe de la peinture française (salle Duchâtel), Les Nymphes de Parthénope (salle G, Antiquités égyptiennes), La Terre recevant des empereurs Adrien et Justinien le code des lois romaines (salle des Empereurs). On lui doit aussi le décor de la Bourse, en grisaille (1826).
Manifestement, l’étude que nous conservons a trait à un ouvrage de ce type, plafond ou voussure, dont la thématique serait bien de saison sous la Restauration. Quant à l’examen des sources d’inspiration, la mention de plusieurs livres à caractère henricien dans le catalogue de la vente après décès de l’artiste n’est pas sans intérêt : l’Histoire du roi Henri le Grand d’Hardouin de Péréfixe y figure dans une édition de 1771 (no 631), ainsi que La Henriade de Voltaire, dans l’édition avec figures de 1772 (no 652)4. C’est l’héritage du grand poème épique qui, plus particulièrement, aura nourri une iconographie dont la forte consonance allégorique est désormais consacrée.
Notes
Auteurs : P. Mironneau, Cl. Menges
© Réunion des musées nationaux – 2007
Zoom navigable
FIG. 205Â a
Charles Meynier (1768-1832)
L’Apothéose d’Henri IV
Plume, encre et lavis bruns, rehauts de blanc sur préparation à la pierre noire
Collection particulière