Cat. 168
1828
Aquarelle, plume, encre brune, papier vergé crème collé sur carton fort, encadrement de filets d’or
H. 52,9 cm ; L. 29,5 cm
Maquette de vitrail pour la chapelle Saint-Charles à Rosny.
Après l’assassinat du duc de Berry le 13 février 1820, la duchesse de Berry exprima le vœu de construire à Rosny un mausolée spécialement destiné au cœur du prince ; l’ancien domaine de Sully avait été acheté en effet dès 1818 par le couple princier. L’hospice Saint-Charles fut élevé en 1820 par l’architecte suisse Antoine Froelicher et sa chapelle consacrée en 1824 par l’évêque de Chartres. L’architecture extérieure est d’un style néoclassique particulièrement pur et austère. Dans l’abside, le mausolée du duc de Berry, par Boichard, était surmonté d’une statue de saint Charles Borromée. Quatre vitraux exécutés en 1828-1829 et mis en place en 1830 en lieu et place de ceux de Mortelèque et Delaperche, qui remontaient à l’époque de la consécration en 1824, éclairaient la chapelle ; les saccages commis par une unité de SS cantonnée dans les locaux de l’hospice en ont eu raison, comme de l’orfèvrerie et du mobilier ; notre dessin en est finalement le seul témoignage. Ils avaient été exécutés par le verrier Joseph Vigné en verre coloré et non peint sur des cartons de Nicolas Auguste Hesse. Chacun comprenait trois médaillons représentant les plus fameux des rois de France : Charlemagne, Philippe-Auguste, Saint Louis, Charles V, Louis XII, François Ier, Henri IV, Louis XIV, Louis XVI et Louis XVIII, auxquels s’ajoutait le duc de Berry1.
Hesse a exécuté de nombreux cartons de vitraux pour des églises parisiennes (Saint-Pierre-de-Chaillot, chapelle de la Vierge à Saint-Eustache, Notre-Dame-de-la-Recouvrance, Sainte-Clotilde). Mais le travail qu’il effectua avec Joseph Vigné à Rosny représente bien, comme le signale François Macé de Lépinay, « l’une des toutes premières séries de vitraux du XIXe siècle après deux siècles de décadence de l’art du vitrail et qui devancent d’une douzaine d’années les séries beaucoup plus ambitieuses réalisées par Louis-Philippe à Dreux, à la chapelle de la Compassion ou à Carheil ». Selon Vigné, qui vantait leur simplicité, ils s’inscrivaient dans un effort « d’imitation exacte des procédés manutentionnels des anciens », soutenu « par la pureté du dessin et l’énergie d’exécution qui distinguent si éminemment le talent de M. Hesse2 ».
Notes
Auteurs : P. Mironneau, Cl. Menges
© Réunion des musées nationaux – 2007